Ce tome I des Ouvres de saint Augustin offre des traductions nouvelles de ses premiers écrits.
En outre, il permet de lire la totalité des Dialogues philosophiques, dont beaucoup étaient jusqu'alors difficiles d'accès, voire introuvables.
Les Dialogues sont des textes fondateurs de la philosophie chrétienne, où foi et raison dialoguent ; où la première, loin de reléguer la seconde à l'arrière-plan ou, pire encore, de la discréditer, lui confère des lettres de noblesse. L'esprit peut gravir les degrés de la vérité grâce à la lumière que lui confère le Maître intérieur.Quant aux Confessions, ouvre majeure, elles inaugurent un genre que déclineront les siècles. Il s'agit du récit d'un voyage, celui de l'homme vers sa fin, qui est aussi son origine ; de l'image vers son modèle, en qui, au déni des miroirs, elle trouve consistance, plénitude et repos : Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean, XIV, 6). Le vent de la grâce gonfle les voiles du navire, balaie les mirages qui retiendraient dans les ports et réduiraient à l'exil - ou voueraient à l'errance - la quête de la patrie. D'autres entreprendront cette traversée à la recherche d'eux-mêmes, habités par une certitude : la vérité rend libre - et cela quel que soit le nom qu'elle consent à revêtir, jusqu'à n'en plus avoir.
Saint Augustin publie en 413 les dix premiers livres de La Cité de Dieu, sans savoir que l'élaboration de l'ensemble - vingt-deux livres - lui prendrait treize années. La Cité de Dieu n'a donc rien d'un ouvrage de circonstance.
Les livres I à X sont une entreprise de liquidation du paganisme religieux et culturel ; Augustin y réfute les thèses des païens, pour qui tout le bien procédait de l'observance des cultes anciens, et tout le mal de leur abandon.
Viennent ensuite douze autres livres, qui définissent la nature des deux cités telles qu'elles vont selon l'éternelle sagesse de Dieu : "Deux amours ont bâti deux cités : celle de la terre par
l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, celle du ciel par l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi".
Les deux premiers ouvrages ouvrent une voie, en exprimant ce que devrait être toute catéchèse. Puis Augustin s'affronte aux manichéens et à leur système dualiste, qui mettrait l'homme hors jeu, partagé, sans choix ni liberté possibles, entre les deux principes du Bien et du Mal.
Vient ensuite l'un des chefs-d'œuvre d'Augustin : La Trinité. Jamais sans doute on n'est descendu plus profondément dans l'analyse de l'homme que ne le fait Augustin pour tenter de s'approcher de ce Dieu un et trine, objet de dérision pour tant de païens.
Enfin, sur la grâce, des ouvrages qui, des siècles plus tard, embrasèrent l'histoire, et sans lesquels les mouvements de la Réforme, le jansénisme et le molinisme ne sauraient être compris. Avait-on oublié qu'Augustin, dans ces textes, ne voulait donner à l'homme que sa place, toute sa place, mais rien que sa place ? Faut-il intenter un procès à ses lecteurs pour l'usage qu'ils en feraient ?
…Augustin dirait que Dieu, et Dieu seul, reconnaîtra les siens…